Séjour randonnée tour du Dévoluy

Séjour randonnée – Tour du Dévoluy : une immersion sauvage et grandiose dans les Alpes

Entre les Hautes-Alpes et l’Isère, le massif du Dévoluy se dresse comme une forteresse naturelle, rude et magnifique, encore préservée des foules qui gagnent d’autres secteurs alpins plus médiatisés. Réaliser le tour du Dévoluy à pied, c’est s’offrir une véritable traversée des sens : une plongée dans un paysage minéral puissant, où la verticalité des falaises calcaires côtoie la douceur des alpages, les hêtraies silencieuses et les crêtes battues par le vent. C’est aussi rencontrer une montagne authentique, façonnée par des siècles de pastoralisme, marquée par de petits villages où domine la simplicité d’une vie en altitude.

Ce périple s’étend sur cinq jours, pour environ quatre-vingts kilomètres d’effort et un dénivelé positif total de 4 475 mètres. L’itinéraire suit des sentiers balisés, bien entretenus, qui permettent de contourner les géants emblématiques du massif : l’Obiou, sommet culminant à 2 789 mètres ; le Grand Ferrand, presque aussi imposant avec ses 2 758 mètres ; et le Pic de Bure, reconnaissable entre mille grâce à son immense plateau calcaire perché à 2 709 mètres. Ces montagnes, façonnées par l’érosion, dessinent des lignes brutes et spectaculaires, dominent les vallées et offrent un décor grandiose à chaque étape.

Le départ depuis les Sauvas marque une véritable transition : dès les premiers pas, on quitte progressivement les zones humanisées pour entrer dans un univers presque hors du temps. Le silence se fait plus dense, ponctué seulement du sifflement des marmottes ou du bruissement d’un rapace. Le chemin gagne en altitude et franchit des cols emblématiques, tels que le col des Aiguilles ou le col de Charnier, véritables balcons naturels ouvrant sur des panoramas vertigineux où se succèdent vallées encaissées, falaises abruptes et étendues karstiques.

Le Dévoluy séduit aussi par la variété de ses ambiances. Sur les hauts plateaux calcaires du plateau de Bure, on traverse des zones presque lunaires, où la roche claire domine et où le paysage semble taillé dans la lumière. À l’inverse, dès que l’on redescend dans les vallons, l’atmosphère devient plus douce : herbes hautes, troupeaux en estive, parfums de foin chauffé au soleil. La présence de nombreux « chourums » — ces puits, cavités et galeries souterraines caractéristiques du massif — rappelle l’identité profondément karstique du Dévoluy, un terrain de jeu privilégié pour les spéléologues et un véritable réseau secret sous la montagne.

Les villages traversés au fil du parcours, tels qu’Agnières-en-Dévoluy, Saint-Disdier ou Saint-Étienne-en-Dévoluy, possèdent ce charme discret des hameaux montagnards. Accrochés aux pentes, enveloppés de silence, ils offrent quelques haltes appréciées : un gîte accueillant, une auberge familiale, un repas simple mais généreux. Ces étapes sont l’occasion de savourer les spécialités du territoire — tourtons dorés, ravioles, tartes aux myrtilles — et de croiser d’autres marcheurs ou habitants qui vivent au rythme de la montagne.

Le climat est souvent sec et lumineux en été, offrant des conditions idéales pour la marche. Toutefois, les soirées en altitude peuvent se révéler fraîches, rappelant que l’on évolue dans un environnement montagnard où l’équipement doit être choisi avec soin. Ce tour, bien que physiquement exigeant, reste accessible à toute personne disposant d’une bonne condition et d’une motivation sincère. L’effort est réel, mais la récompense dépasse largement les heures de marche : elle se mesure en sensations, en émerveillement et en liberté retrouvée.

Parcourir le tour du Dévoluy à pied grâce à Olivier Bonelli, c’est vivre une immersion profonde dans un univers encore sauvage. On en revient marqué par la force des paysages, la solitude apaisante des crêtes, la beauté inattendue des lumières qui glissent sur les falaises. Peu fréquenté, intense, ce massif n’est pas seulement un terrain d’aventure : c’est un monde à part, que l’on traverse avec humilité et dont on repart transformé.